Data et performance sportive
La thématique de la data et de la performance sportive est traitée aujourd’hui fréquemment par l’ensemble des médias. Cela n’empêche pas de se poser encore un certain nombre de questions. Quel développement des objets connectés pour permettre l’optimisation de la performance des sportifs de haut niveau ? Quelles sont les tendances ? Ces objets sont-ils spécifiquement réservés aux sportifs de haut niveau ? Petit tour d’horizon des innovations observées…
La thématique de la data et de la performance sportive est traitée aujourd’hui fréquemment par l’ensemble des médias. Cela n’empêche pas de se poser encore un certain nombre de questions. Quel développement des objets connectés pour permettre l’optimisation de la performance des sportifs de haut niveau ? Quelles sont les tendances ? Ces objets sont-ils spécifiquement réservés aux sportifs de haut niveau ? Petit tour d’horizon des innovations observées…
L’arrivée de la data dans le sport
La data a réussi à prouver sa légitimité dans notre société. De nombreuses expériences se multiplient dans le but d’évaluer l’environnement dans lequel nous évoluons. Que ce soit dans le domaine des équipements, où les vélos de demain seront connectés et créeront de la data, comme le montre l’initiative de Connected Cycle. Le domaine de la santé connaît aussi son lot d’innovations, à l’image de lSee qui développe un tracker métabolique pour mieux conseiller la perte de poids. Enfin, Tech4team parvient à toucher la sphère de l’événementiel, en proposant aux organisateurs d’événements sportifs et culturels d’optimiser le prix des billets.
Ces phénomènes qui nous entourent impactent également le sport. L’afflux massif de données bouleverse la performance sportive et repousse les limites de son expertise. On assiste désormais à une relation tripartite qui fait interagir le sportif, l’entraîneur et la data.Le sportif et l’entraîneur bénéficient de la précision et de la qualité des informations analysées. Il ne s’agit donc plus désormais d’établir deux ou trois critères déterminants dans l’analyse de la performance du sportif, mais d’intégrer un très large panel de données pour un résultat plus précis.
L’exemple type pour démontrer l’intégration de la data dans le sport professionnel est celui de l’Allemagne, qui durant la coupe du monde football au Brésil, comptait un douzième homme bien utile : la compétence de SAP pour l’utilisation du Big Data. Capteurs aux protège-tibias ou dans les chaussures, analyses statistiques des matchs joués et des aptitudes individuelles, « datavisualisation », la Mannschaft bénéficiait d’un réel avantage par rapport aux autres équipes, avec le succès que l’on connaît.
Tous les sports sont aujourd’hui concernés par cette révolution qui amène chaque partie prenante à repenser sa manière de faire, et de penser. Même si les données sont déjà recueillies depuis des années, les techniques de collecte et les moyens d’analyses se sont considérablement améliorés. La data devient un véritable outil de travail et même un véritable métier. La course aux meilleurs « datascientist » a commencé…
D’autres sports ont une histoire plus forte avec l’exploitation de données. C’est le cas du cyclisme, qui en l’espace de 15 ans est devenu le sport de compétition le plus connecté. Au cœur de cette pratique, le Tour de France illustre à quel point la donnée est devenue un enjeu prioritaire. Grâce à des capteurs nichés dans les pédales, les performances des coureurs sont analysées (fréquence de pédalage – puissance – vitesse) en permanence par le staff. Le cyclisme de demain nous réserve encore de nombreuses surprises, comme le présage les avancées technologiques de Cityzen Sciences, spécialisée dans le textile connecté. Cette startup prévoit de développer un cuissard connecté pour les cyclistes. Il sera équipé d’un GPS, de capteurs d’hydratation, permettra de relever la température corporelle et fournira des indicateurs de posture.
Une performance sportive décryptée dans les moindres détails…
L’apparition de ces nombreux outils à la pointe de la technologie est en partie liée au travail de startups qui ont décidé d’innover dans le domaine du sport.
E-celsius a développé un produit qui se présente sous la forme d’une petite gélule que le sportif peut ingérer. Qualifiée de doliprane du football par certains, cette gélule va pouvoir transmettre à un outil connecté des données concernant la température du corps du sportif. Cela permet dans un premier temps de réduire les risques de blessures, liées à un échauffement insuffisant par exemple. Dans un second temps, l’analyse donne la possibilité d’optimiser les performances de l’athlète, en enregistrant en continu (échauffement – activité – récupération) la façon dont le sportif réagit en situation et ainsi identifier les pics de performance.
Du point de vue de l’entraîneur, c’est un outil de contrôle comprenant un aspect stratégique. Il permet tout d’abord de suivre l’évolution de l’athlète de manière détaillée, et apporte une analyse complémentaire dans les recommandations et l’accompagnement du sportif.
La startup française Mac Lloyd œuvre aussi dans ce domaine. Par la récupération de données vidéo, physiologique, de mouvement et de position des athlètes, elle amorce une innovation de rupture dans la collecte et l’utilisation de ces données. Elle a développé le produit Sport Tracking, qui permet d’obtenir en temps réel, un compte-rendu détaillé des performances du sportif.Ayant la forme d’un petit boitier, cet objet connecté qui doit être placé sur un vêtement que porte l’athlète, révolutionne le tracking. Il s’ouvre au marché des sports d’intérieurs, grâce à un tracking fonctionnel même en salle, une première pour ce secteur. Il offre également la possibilité d’analyser des données très précises telles que la température, le rythme cardiaque, la vitesse ou encore la distance parcourue. L’un des avantages de cet objet est de pouvoir capter et utiliser ces données en tant réel sur un logiciel d’analyse et de restitution. Avec la retranscription des performances de ses joueurs en direct, le coach peut ainsi choisir de faire des ajustements tactiques, de la composition de l’équipe à l’attitude plus ou moins offensive qu’il demande d’adopter. Les équipes les mieux équipées pour analyser les données et les comprendre bénéficient d’un avantage concurrentiel certains sur les autres clubs.
Mais il y a d’autres moyens de collecter la donnée : Prozone, leader mondial dans le domaine de l’analyse de la performance sportive utilise pour cela la vidéo.
La startup Footovision aussi s’est spécialisée dans l’analyse, la représentation visuelle et la modélisation du football. La différence ? L’analyse se fait à partir d’une simple vidéo de match de football ou par un branchement au flux télé. Pas besoin de caméras spécifiques. Le logiciel appelé FootoTrack va calculer les positions des joueurs, les événements de jeu et sauvegarder ces données. Entre alors en jeu un deuxième outil (FootoAnalysis) qui se charge d’étudier la performance individuelle et collective des joueurs. Footovision c’est plus de 80 indicateurs par joueur, dont la plupart sont disponibles en live. C’est aussi l’analyse de son équipe et celle de l’équipe adverse, qui révèle tout l’enjeu derrière l’utilisation de cet outil.
La démocratisation des objets connectés et de la data
On constate que les équipements technologiques à destination des sportifs professionnels et amateurs se ressemblent de plus en plus. Les sportifs amateurs développent les mêmes besoins en termes de composants de l’outil. La performance devient un élément accessible au plus grand nombre, sous une forme ludique.
C’est à partir de ce constat que Mojjo a développé son produit. Installée sur le marché du tennis, Mojjo vous permet d’obtenir les vidéos et statistiques de vos matchs. Via une caméra, l’algorithme de détection va analyser les mouvements, les échanges de la rencontre. Mojjo va ensuite vous proposer un service de statistiques complet, une feuille de match détaillée et une vidéo qui résume les moments forts.Le service que développe cette startup a pour but d’offrir à tous les joueurs de tennis la possibilité de progresser en s’appropriant les outils des professionnels.
L’initiative de Swimbot démontre que les objets connectés parviennent à toucher tous les sports. Swimbot a développé un nouvel objet connecté à destination des nageurs. Doté d’un simple petit boitier et d’une paire d’écouteur, vous allez pouvoir optimiser vos performances. En plaçant l’appareil derrière le bonnet de bain, les écouteurs sur les oreilles, des informations vous seront transmises instantanément. Le swimbot va analyser tous vos mouvements et les corriger. Cet outil innovant représente une véritable avancée dans le processus d’optimisation de la performance sportive, en vous permettant de progresser plus vite et d’obtenir des informations sur votre technique et votre performance en direct.
Un autre exemple qui caractérise cette démocratisation des objets connectés est eGull. L’innovation de cette startup consiste à enregistrer tous vos coups de golf via une montre connectée. L’application permet d’obtenir un rapport détaillé de la carte de score, reconnaître le parcours, transmettre le classement des joueurs. eGull parvient à révolutionner la pratique du golf, en remplaçant la carte de score en carton, par une application entièrement automatique, et offrir à chaque joueur un compte-rendu des performances, qui était jusque-là uniquement accessible aux golfeurs professionnels.
Les objets connectés ont envahi un domaine en particulier : le running. On peut désormais facilement repérer des coureurs équipés de montres ou de bracelets connectés. Des objets discrets et performants qui se sont progressivement intégrés au mode de vie de la population. Cette tendance se traduit par la notion de « quantified-self », qui est la collecte et l’utilisation d’informations personnelles. L’emploi de ces outils ne se limite plus seulement à la pratique sportive mais s’intègrent parfaitement au mode de vie des personnes. On les utilise pour courir afin de connaître la distance parcourue, la vitesse moyenne, le nombre de calories dépensées, mais aussi au jour le jour, afin d’obtenir un détail de son activité.
La data, l’avenir du sport ?
La data est ultra présente dans le sport, sport professionnel, sport amateur, sport du dimanche… La tendance paraît profonde, plus qu’un effet de mode. Car au-delà de ce qui pourrait pour certains apparaître comme du « gadget », de nombreux acteurs travaillent à l’exploitation et à la valorisation de ces données. Pour le haut niveau, cela se transforme en un élément de management autant qu’un outil tactique. Pour le sport de tous les jours, cela devient un moyen de motiver, de « gamifier » la pratique sportive, à l’instar de ce que propose Running Heroes par exemple.