Le sport de haut niveau, territoire d’expression pour l’innovation

Aujourd’hui, le sport et l’innovation sont intimement liés. Le premier offre un large terrain d’expression à la seconde, qu’il s’agisse d’optimiser la performance du sportif, organiser des événements ou bien améliorer l’expérience des fans. Le présent dossier vise, d’une part, à mettre en exergue la façon dont l’innovation investit le champ du sport de haut niveau, et d’autre part, à dégager les tendances actuelles ainsi que celles à venir.

Le sportif de haut niveau cherche constamment à améliorer sa performance. Cette amélioration passe aujourd’hui par l’innovation : analyse des données physiques de l’athlète, amélioration de ses techniques et de son matériel d’entrainement, optimisation de ses tenues de compétition, les opportunités sont nombreuses pour innover.

L’organisateur d’un événement sportif tend à mettre sur pied son événement de la manière la plus aboutie possible. De la conception des infrastructures sportives à la mise en valeur des entreprises partenaires en passant par le bon déroulement de la compétition, les enjeux pour ces acteurs peuvent être résolus grâce à des apports technologiques toujours plus innovants.

L’expérience du fan – qu’il soit au stade ou devant son écran de télévision –  constitue un enjeu vital, puisque c’est lui qui permet aux deux acteurs précédemment évoqués de générer des ressources. Attirer, séduire et fidéliser le spectateur constituent des préoccupations importantes pour lesquelles des startups proposent des solutions innovantes.

Tour d’horizon des dernières innovations technologiques qui touchent ces acteurs.

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Un concentré d’innovations pour l’amélioration de la performance du sportif de haut niveau

Pendant longtemps, le sportif de haut niveau s’est focalisé sur son talent pour devenir le meilleur. Aujourd’hui, il mise également sur la technologie pour comprendre et optimiser sa performance.

Ainsi, lors de la préparation aux compétitions, les athlètes utilisent de plus en plus fréquemment des innovations relatives aux matériels ou aux techniques d’entrainement.

Par exemple, Goleador offre aux footballeurs une nouvelle manière de s’entraîner, grâce à la création d’un lance-ballon révolutionnaire d’une précision inédite : il est désormais possible de travailler exactement la même phase de jeu de manière répétitive.

 

La société Mac-Lloyd, quant à elle, récupère et analyse les données physiologiques des athlètes afin de contrôler et d’optimiser leur charge de travail par l’intermédiaire de capteurs placés sur leur dos. Ces informations retransmises en temps réel au staff technique sur le bord du terrain permettent de suivre l’état physique des joueurs, prévenir des éventuelles blessures et ainsi proposer des charges de travail personnalisées.

D’autres pratiques misent beaucoup plus sur l’avancée technologique du matériel pour améliorer la performance sportive. Prenons une innovation qui fait l’actualité au Vendée Globe 2016 ;  en lieu et place des traditionnelles dérives droites, sortent de chaque côté des coques les fameux foils permettant la réduction de la trainée hydrodynamique et une augmentation de la vitesse. Ce qui a permis au skippeur Alex Thomson (Hugo Boss) d’atteindre l’hémisphère sud en 9 jours et 7 heures.

Ces innovations garantissent l’amélioration des performances mais également la sécurité des sportifs. Prenons l’exemple de la start-up annécienne In&Motion qui développe des gilets de ski intégrant un airbag capable de se déclencher avant que l’accident n’intervienne, mais que l’on peut également retrouver sur certains pilotes de Moto GP cette année.

 

The first smart ski airbag vest by In&motion from In&motion on Vimeo.

En dehors des évolutions matérielles, de nouvelles techniques d’entrainement se développent. Ainsi, plusieurs clubs utilisent désormais la réalité virtuelle comme un outil d’entrainement tactique, en permettant aux sportifs de se mettre en situation de compétition, de capter l’intégralité des informations du terrain et de comprendre des faits de jeu de manière plus précise. Le système STIRV développé à l’Université de Stanford offre même la possibilité aux joueurs de football américain de « détourner leur tête de la ligne de mêlée et se voir en train de lancer le ballon, cela dans le but d’évaluer leur mécanique de jeu » (La réalité virtuelle au secours des athlètes, Galen CLAVIO).

Néanmoins, en ce qui concerne les aspects techniques de l’entrainement du sportif, la réalité virtuelle présente des limites que la simulation numérique permet de pallier. Elle permet, par exemple, de comprendre l’impact des paramètres influant sur la performance de l’athlète et sur les risques de blessure. Plus qu’une immersion visuelle, elle propose de s’immerger physiquement dans un environnement similaire à celui de la compétition. Un outil très utile pour des pratiques sportives qui nécessitent le maniement d’un objet ou qui sont dépendantes des conditions météorologiques.

En cyclisme, la simulation numérique permet d’optimiser la position du cycliste, le poids du vélo et l’aérodynamique, afin d’induire un minimum de traînée et assurer un maximum de puissance de propulsion et de confort au cycliste. C’est également le cas en aviron où les concepteurs cherchent à comprendre et à optimiser l’interaction de la rame avec la surface de l’eau ainsi que la trainée hydrodynamique sur la coque.

Outre les innovations techniques et matérielles, c’est au niveau de la mesure de la performance sportive et de l’analyse des données que des avancées ont été faites ces dernières années. De nombreuses startups se sont intéressées à ce champ en développant des moyens différents et parfois complémentaires de recueil de données et d’analyse de la performance.

Certains utilisent le flux vidéo, c’est le cas de la startup Footovision, qui est capable de récolter les données individuelles et collectives d’un match de football et ensuite de les analyser, à partir d’un simple flux vidéo.

 

D’autres utilisent des capteurs physiques ou parfois intégrés directement au vêtement du sportif.

Mac Lloyd cité précédemment ou la start-up française Swimbot ont développé des capteurs matériels, le premier posé sur le haut du dos et le second se plaçant derrière le bonnet de bain permettant l’amélioration de la technique du nageur en corrigeant ses défauts. Cityzen Sciences, une entreprise française, s’est quant à elle spécialisée dans la conception, la création et le développement de textiles connectés en lançant Smoozi, le premier t-shirt intelligent, déjà utilisé par des clubs professionnels de football et de basket en France.

Une technologie fait également son apparition, celle de l’intelligence artificielle. La startup PIQ, qui développe des capteurs connectés multisport vient d’intégrer à son application GAIA, un système d’intelligence artificielle qui est capable d’identifier les points forts et d’amélioration des sportifs. Une innovation de rupture qui va bouleverser la vie des sportifs, leur permettant de comparer leur performance sportive d’un jour donné aux performances passées et à celles de la communauté.

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L’innovation, un levier d’amélioration de l’offre des organisateurs

De plus en plus fréquemment, les organisateurs d’événements sportifs misent sur l’innovation afin de proposer une offre qualitative. La conception et l’architecture des infrastructures sportives sont pensées pour optimiser leur utilisation et leur coût. En vue de la Coupe du monde 2022, l’université du Qatar a développé une technique pour évaluer l’architecture et le design des stades qui combine l’impression 3D et une étude en soufflerie. Une technologie qui sert à optimiser les flux d’air qui circulent à l’extérieur mais aussi à l’intérieur des stades. L’objectif est d’arriver à une consommation la plus maitrisée possible en utilisant une ventilation naturelle et ainsi réduire l’empreinte carbone.

Le stade Levi’s qui a accueilli le dernier Super Bowl 50 est un condensé d’innovations technique et technologique soucieuses de l’environnement. Panneaux solaires, toit végétalisé, système de traitement des eaux pour l’entretien de la pelouse du terrain, l’infrastructure sportive est à la pointe en matière d’écologie. Une aubaine pour les organisateurs qui réduisent considérablement leurs coûts d’exploitation et séduisent les spectateurs. « Un tableau de bord a été installé afin que les spectateurs, les officiels et les joueurs soient quotidiennement informés de la qualité de l’air aux environs du complexe sportif et de l’accès aux différents points d’eau »

La crainte pour les organisateurs d’évènement est de proposer un spectacle qui n’est pas à la hauteur des attentes des spectateurs ou de l’enjeu du match. Si l’aléa sportif n’est pas maitrisable, en revanche, la qualité des infrastructures à la disposition des sportifs l’est et peut influencer directement la qualité du spectacle. Dernièrement, nous avons pu observer, durant l’EURO 2016 de football, l’importance d’une pelouse de qualité pour donner une chance au spectacle d’avoir lieu. La startup Natural Grass a mis en place dans cinq des dix stades de l’Euro 2016 (Marseille, Toulouse, Lyon, Bordeaux, Saint Etienne) une pelouse hybride révolutionnaire. Une technologie qui repose essentiellement sur le substrat sur lequel l’herbe pousse. Il est composé de sable, de fibres et de liège. En modulant ces trois composants, il est possible d’adapter la nature du terrain, sa dureté, sa résistance à l’arrachement et par conséquent son impact sur les muscles et les ligaments du joueur. Fini les trous et les pelouses gorgées d’eau ! Et surtout elle contribue à la sécurité des sportifs puisque d’après une étude du laboratoire de Biomécanique de l’ENSAM ParisTech, la technologie AirFibr permet de réduire sensiblement les facteurs de risques de blessures des joueurs.

 

Outre le volet structurel, plusieurs startups proposent des solutions innovantes pour garantir aux organisateurs des stades remplis. La startup Tech4Team applique la technique du Yield Management, déjà utilisée dans les compagnies hôtelières et aériennes, au secteur du sport. Par l’utilisation du Big Data et la connaissance client, elle améliore et personnalise aussi la relation avec ce dernier, permettant aux organisateurs de mieux s’adresser à leurs cibles. Résultat, les organisateurs peuvent gagner jusqu’à 20% de billetterie supplémentaire.

Une autre startup s’est concentrée elle sur les places réservées aux annonceurs et partenaires des organisateurs. Ces places réservées ne sont pas toujours utilisées par les marques. Résultat : elles restent vides et constituent une perte de chiffre d’affaires pour l’organisateur. Pour y remédier, la startup Seaters propose aux personnes intéressées par un match de s’inscrire sur leur application mobile ou leur site internet. Elles sont alors placées sur une file d’attente. L’organisateur de l’événement ou le sponsor qui possède des places pour y assister fait part à Seaters du nombre de désistements ou de places qui n’ont pas encore trouvé acquéreur et sont réattribuées aux inscrits.

 

Seaters – Trailer 2015 from Seaters on Vimeo.

 

L’optimisation constante de l’expérience des fans à travers l’innovation

L’expérience des fans constitue une préoccupation importante des acteurs du sport de haut niveau, qui visent à offrir au public le meilleur spectacle possible. Cette optimisation passe par l’innovation, notamment digitale, tant pour les spectateurs, au stade, que pour les téléspectateurs, devant leur télévision.

Actuellement, le grand public découvre des nouveautés qui redéfinissent leur expérience au stade. Par exemple, les fans du club de football de l’Olympique lyonnais (OL) ont pu découvrir en 2016 le Parc OL, un nouveau stade ultra-connecté qui propose de nouveaux services avec notamment la mise à disposition de 800 bornes wifi permettant près de 25 000 connexions simultanées, 300 écrans connectés au match ainsi qu’une application mobile permettant, entre autres, de consulter les statistiques du match et de partager ses émotions sur les réseaux sociaux.

En Argentine, le club de football de première division, l’Atlético Tigre, a été encore plus loin en proposant à ses abonnés de se faire insérer une puce sous la peau contenant leur abonnement afin qu’ils puissent entrer dans le stade sans pièce d’identité ni billet. Une manière de renforcer le lien entre le fan et le club qui, pour certains, peut paraitre excessif.

 

Une fois dans le stade, de nouveaux services apparaissent, à commencer par la solution proposée par DigiFood. Finis les files d’attentes interminables et le risque de rater une partie du match, la start-up permet au fan de commander, depuis son siège, son repas et de payer via sa carte bancaire par l’intermédiaire d’une application mobile. Le fan peut ensuite décider de se faire livrer à l’heure de son choix ou d’aller récupérer sa commande directement à la buvette via une file prioritaire.

Toujours dans l’optique de ne rien manquer de l’évènement, une autre startup française, Vogo Sport, permet d’accéder, en temps réel, via son smartphone, aux différentes caméras filmant l’événement. Le spectateur peut alors directement, de sa place, choisir l’angle de vue de son choix pour voir ou revoir une action. Elle apporte une vraie valeur ajoutée pour certains événements sportifs comme les compétitions de golf ou les épreuves de ski qui se déroulent sur de vastes étendues, pas toujours bien visibles du spectateur.

 

Le téléspectateur n’est cependant pas en reste, notamment à travers l’intégration progressive de la réalité virtuelle.

Dernier exemple, en octobre 2016, Microsoft a ouvert les précommandes en France pour l’HoloLens, un casque de réalité augmentée permettant de simuler des hologrammes qui s’intègrent dans le champ de vision de l’utilisateur. Dans le futur, Microsoft projette ainsi (source ?) de rendre ce casque disponible pour la diffusion événements sportifs en réalité augmentée : affichage de la miniature du stade sur table basse ou présentation des statistiques de la rencontre sur les murs du salon seront donc bientôt possibles.

La start-up Livelike fondée par 4 français installés aux Etats-Unis propose déjà aux téléspectateurs de vivre un match comme au stade, en loge VIP ou selon plusieurs angles, en fonction de la préférence de l’utilisateur. Il s’agit en fait d’une vidéo en direct, capturée en grand angle (environ 170°). Dans cette image, des zones sélectionnables vous permettent de basculer d’angle de vue en temps réel. En regardant ses pieds, les utilisateurs peuvent voir toutes les statistiques du match en temps réel diffusées sur une surface virtuelle. Chaque élément de l’interface est accessible en fixant le regard sur la sélection. Une immersion unique au monde qui révolutionne l’expérience de l’évènement sportif depuis son salon.

 

Depuis son salon, une autre start-up française propose de soutenir son équipe comme si le téléspectateur était au stade. Wefan a développé la première messagerie instantanée pour les supporters qui permet de commenter en live, applaudir, râler contre l’arbitre et encore mieux : lancer des fumigènes virtuels, le tout entre amis. Si le sport est une forme de catharsis, WeFan se veut un défouloir dématérialisé pour les supporters endiablés.

 

 

Tant sur le terrain qu’en dehors, les startups investissent l’univers du sport de haut niveau pour continuer à faire progresser les performances des sportifs et enrichir l’expérience des fans. De nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle ou l’imprimante 3D laissent présager de nombreuses perspectives d’évolution, au bonheur des férus de sport et de technologie.