Rendre accessible la pratique sportive à tous les Français

 


En France, près d’une personne sur deux fait du sport plus d’une fois par mois. Parmi eux, 70% le pratiquent au moins une fois par semaine (Injep, 2019). Rendre le sport accessible à tous est l’une des missions principales de Decathlon depuis plus de 40 ans avec une priorité de mettre ou remettre les Français à une activité physique et sportive de manière régulière. Decathlon a récemment lancé une étude avec une dizaine de partenaires et acteurs de l’écosystème du sport en France (parmi eux Union Sport et Cycle, Withings, Wheelness, Sport Heroes, Fédération Française de Basket Ball – Direction des Sports, Groupe VYV, Fédération Française du Sport pour Tous, Gymlib, Amer Sports et Five) qui a pour objectif d’accompagner les français à débuter et maintenir dans le temps une activité physique et sportive. Un sujet qui résonne d’autant plus que des institutions comme Paris 2024, le Ministère Chargé des Sports ou encore la Ville de Paris en font un chantier majeur au cours de ces prochaines années. S’il semble difficile de mesurer la croissance du nombre de pratiquants face aux 3 millions de pratiquants supplémentaires souhaités par le Ministère Chargé des Sports d’ici 2022, la compréhension des besoins et l’offre de pratique a bien évolué. Dans le cadre de cette tribune, nous aborderons la question de l’accessibilité à l’activité physique pour tous en présentant d’une part son diagnostic et d’autre part un panel de solutions existantes favorisant celle-ci. Enfin, nous introduirons les professions dites « oubliées » ainsi que plusieurs initiatives innovantes mises en place pour combattre la sédentarité de ces sportifs oubliés.
 

Les freins qui empêchent les français de passer à l’acte

Les freins sociaux et psychologiques : traumatisme à l’école, manque de confiance en soi, regard des autres

Les premiers freins relatifs à la sédentarité de nombreux français résident dans ce que le sport véhicule dans leur esprit. Le sport est susceptible de faire renaître de mauvais souvenirs vécus à l’école ou en club, où des disciplines basées sur l’évaluation et la performance étaient imposées.  

À l’âge adulte, les français n’ayant pas pris gout au sport à l’école ou pendant leur jeunesse, démontrent parfois un manque d’activité physique à l’âge adulte. Dès lors, il apparaît nécessaire d’accompagner les débutants pendant et après leur séance grâce à des solutions innovantes pour éviter tout arrêt précipité. En d’autres termes : rendre le sport tangible via des motivations autres que celles de vouloir « changer son corps » car bon nombre d’entre eux décident également de ne plus vouloir en faire en raison de résultats non apparents.

« Il est nécessaire pour les débutants d’avoir des clés d’entrée différentes sur l’usage du sport qu’ils veulent en faire en ayant par exemple des solutions pour savoir ce qu’ils peuvent faire selon leur localisation, leur temps et leurs objectifs » nous précisait Emily Gladwin, corédactrice pour Decathlon de l’étude « Comment faire pour augmenter le nombre de pratiquants d’activité physique et sportive en France ? »

Mais lorsqu’il s’agit de l’âge adulte, au sein de la vie professionnelle, on peut observer certains freins sociaux : « si je vais au cours de cross fit de 13h, je risque d’être ridicule… ».

De nombreux freins psychologiques existent, et l’accompagnement à la pratique, avec des outils clés en main serait un premier pas vers une désensibilisation de l’activité physique pour les sportifs moins à l’aise.

 

Les freins opérationnels : horaires, infrastructure et accompagnement

Au-delà de l’aspect psychologique, de nombreux français peinent à trouver un équilibre entre contraintes de tout genre et activité physique régulière. Au regard des deux études publiées par Decathlon sur « Comment faire pour augmenter le nombre de pratiquants d’activités physique et sportive en France ? » et le « Grand chantier national pour redonner le goût du sport aux français », les diagnostics constituant des freins à l’activité physique sont multiples : horaires non adéquats après une journée de travail, contraintes familiales, manque d’infrastructures et d’équipements sportifs dans les entreprises, ou manque de suivi et de conseil sur la manière de pratiquer ne sont que quelques exemples de contraintes rencontrées par les français dans leur activité physique régulière.

Par exemple, les infrastructures sportives dans les entreprises sont souvent inexistantes et les horaires des salles de sport souvent inadaptées pour permettre aux salariés d’exercer une activité physique. D’autre part, les jeunes parents qui vont chercher leurs enfants après leur journée de travail ne trouvent ensuite plus le temps de pouvoir pratiquer. Enfin, les débutants qui se lancent dans une nouvelle activité physique ne sont que trop rarement suivis et conseillés dans leur pratique. C’est pourtant à ce stade qu’il est nécessaire d’encadrer le sportif pour l’engager à long terme.

Également, les transports collectifs et l’aménagement des espaces publics restent toujours peu accessibles et peu équipés pour favoriser la pratique à de nombreux français notamment les personnes âgées et les personnes en situation de handicap qui représentent conjointement 1 personne sur 4 en 2019. Cependant, l’activité physique par une personne en situation de handicap et par une personne âgée est depuis quelques années encouragée et soutenue par les pouvoirs publics via la mise en place de nombreux dispositifs en matière d’adaptation et d’aide.  

Dès lors, depuis quelques années, des initiatives émergent pour tenter de répondre à chacun de ces défis grâce à des solutions innovantes comme Wheelness qui favorise la pratique en entreprise via des salles de sport mobiles directement sur le lieu de travail ou APA de géant qui encourage la pratique d’une activité pour les plus fragiles via des activités adaptées pour chaque besoin spécifique.

 

L’innovation pour pallier les freins à la pratique pour le public large

Des solutions innovantes pour briser le frein psychologique à la pratique

Il existe aujourd’hui plus de 150 solutions en France qui favorisent le marché de l’activité physique à domicile et en entreprise. Cette prolifération de l’offre étant difficile à appréhender, nous avons dressé un panel de solutions existantes qui répondent aux freins psychologiques et opérationnels de l’activité physique des français.

C’est aujourd’hui la vocation d’une solution comme Decathlon Activités, qui souhaite changer le sens de l’équation en proposant des activités non plus par « pratique », mais par « objectif » de pratique. Au travers de cette plateforme, l’utilisateur peut trouver des activités physiques et ludiques comme l’Eco run (mêlant course et collecte de déchets), une section « kids » proposant des cours de yoga et de danse, des activités près de chez soi comme de l’escalade et des cours de fitness ou encore du sport à la maison avec des séances de cardio-training et de pilates. La pratique sportive en elle-même peut dans la tête du sportif susciter un bon nombre d’aprioris. Decathlon tente de déjouer ces aprioris en proposant à travers sa plateforme digitale un objectif sportif clair avec des disciplines associées facilement identifiables.
 

Des solutions innovantes pour briser le frein opérationnel à la pratique

Il n’est pas nouveau de constater la tendance des startups pour le sport en entreprise, aux infrastructures mobiles et à l’amélioration à l’accessibilité aux infrastructures sportives.

Une startup comme Wheelness tente de casser cette barrière du manque de temps en proposant des salles de sports mobiles munies d’infrastructures adaptées comme des douches et des vestiaires. La startup propose également d’apporter sur le lieu de travail dans des locaux ou sur un parking tout le matériel nécessaire à la pratique d’une activité physique entre collègues via leur plateforme numérique. Or, Decathlon se positionne également dans cette tendance en ayant transformé des containers en magasin itinérants avec la mise en place des cabines de douche mobiles. De plus, grâce à l’accompagnement de coachs experts, un service de conseil est également apporté et un panel d’activités est proposé comme le yoga, le cross-training ou encore des massages.

Cependant la question de l’accessibilité à l’activité physique est très souvent liée à celle du sport pour les personnes en situation de handicap. Or, il convient de préciser que de nombreux efforts ont été réalisés par le secteur public-privé sur la question. Le partenariat entre APA de géant qui propose des cours d’activité physique adaptée (APA) pour les publics ayant des besoins spécifiques (handicaps, maladie rare, affections de longue durée) et la Fédération Française des Sports en Entreprise (FFSE) en est un exemple.

L’enjeu était de proposer des ateliers de sensibilisation à tout type d’handicap confondus (moteur ou sensoriel) aux salariés de l’entreprise. À l’image d’APA de géant, la startup Accessible.net s’engage elle à améliorer l’accessibilité des lieux publics comme les piscines, les stades et les clubs. Son objectif est de permettre aux personnes en situation de handicap comme aux personnes âgées de s’informer afin de préparer leurs déplacements.

« L’idée était de favoriser la rencontre avec des personnes en situation de handicap pour déjouer les aprioris ; notre travail se base plus sur les capacités que sur les déficiences. » précisait Annabelle Grousset, CEO d’APA de géant.


Ainsi, Decathlon peut compter sur la volonté des startups, grands groupes et acteurs institutionnels pour faire bouger les français selon leurs besoins spécifiques. Le principal défi réside désormais dans la communication car le français débutant novice à la recherche de sens à sa pratique sera peu familier avec ces solutions existantes.
 

Des solutions innovantes existent, mais ne touchent pas le « public oublié »

Il existe certes de nombreuses solutions innovantes pour toucher un public large, comme évoquées précédemment, mais ne répondant pas aux besoins de tous. Une nouvelle catégorie émerge : les sportifs oubliés. 

Certains métiers comme les stewards sont chahutés par le passage fréquent des fuseaux horaires et le rythme effréné des déplacements qui vont bouleverser le niveau du sommeil ne trouvant pas le temps ni le lieu pour faire de l’exercice. Les travailleurs de nuit qui représentent 16% de la population française sont également en décalage avec les offres d’activités physiques proposées en matinée ou en fin de journée. Enfin, d’autres professions physiques comme les travailleurs de chantiers, déménageurs ou agents d’entretien sont susceptibles d’avoir des contraintes de mal de dos ou TMS (Troubles Musculo Squelettiques) et ne peuvent enchaîner leur journée par une activité physique.

Dès lors, des solutions et des formations ont émergé par la suite pour répondre aux besoins spécifiques de ces personnes. Au-delà des solutions mentionnées précédemment, il existe d’autres initiatives innovantes pour toucher ces « oubliés ».

 

Si l’on se penche sur la contrainte horaire, émerge alors l’idée de proposer des offres à la carte, adaptées sur-mesure et conçues pour ces salariés. Sur le modèle de TrainMe qui facilite la réservation d’une séance avec un coach sportif à domicile et ce de 6h à 23h, Gymlib propose aux salariés un abonnement unique et sans engagement donnant accès à l’ensemble des infrastructures de sport et de bien-être. Ainsi, les stewards par exemple, fortement impactés par les fuseaux horaires, ou les travailleurs de nuit impactés par des horaires décalés peuvent désormais bénéficier d’une tranche horaire très large et d’une grande diversité d’activités.

Séance de sport par un coach sportif proposée par TrainMe

 

Ces contraintes horaires et calendaires vont également s’appliquer auprès des parents avec des enfants en bas âge. Quelles solutions existent pour permettre à un parent d’enfant de 2 ans, nécessitant beaucoup de temps et d’attention, de pouvoir continuer à bénéficier d’une activité physique régulière ? ParentsHeureux au nom tout à fait équivoque, souhaite également tirer son épingle du jeu en étant la première plateforme de services intégrés sur l’échange de garde gratuit entre parents dans le but d’encourager les parents à faire une activité physique en toute confiance à coût zéro.

« Avec la FFSE, nous avons organisé pour Accor des formations spécifiques sur les postures à adopter au travail pour éviter tout troubles musculosquelettiques notamment pour les femmes de chambre qui accumule les efforts physiques tout au long de la journée » précisait Didier Besseyre, Président de la FFSE.

Lorsqu’il s’agit du personnel ouvrier dont la profession est par nature sportive, la pratique sera différente. Historiquement, les entreprises étaient déjà conscientes de l’importance de la pratique pour les salariés, et ce depuis plus de 30 ans à travers ce que l’on appelait les « exercices de geste et posture ». Parmi les précurseurs, Michelin l’avait officiellement implémenté en début de journée dans ses usines afin de prévenir des blessures liées à une activité physiquement éprouvante. Mais aujourd’hui, dans la même optique que ces exercices d’échauffement ou des formations de la FFSE, la startup FizzUp propose également un service de coaching en ligne pour les personnes susceptibles d’avoir des problèmes de dos après une journée de travail. Ces cours permettent d’améliorer la posture et de renforcer les muscles clés pour lutter contre le mal de dos et un programme personnalisé avec des étirements ciblés en plus de la méditation sont mis en ligne pour lutter contre les tensions et se libérer des douleurs.

Finalement, le confinement a permis à un bon nombre de français de réaliser qu’il était possible de pratiquer une activité physique de qualité, sans matériel et à domicile pouvant alors palier aux deux freins rencontrés par un bon nombre de français : psychologiques et opérationnels. À l’instar de nombreuses startups et de grands groupes, Decathlon a connu un vif succès via son Instagram live tout en continuant de fournir leur offre d’activité physique à des millions de français par visio. Désormais, les français sont mobilisés pour l’activité physique par le biais de la gamification, d’offres sur-mesure et individualisées et de système de reward (ex : la startup WeWard comptant plus de 120 000 utilisateurs actifs) se détachant progressivement de l’aspect compétitif du sport.

Le secteur du jeux-vidéo illustre parfaitement ce propos concernant la tendance à la gamification, à en noter l’immense succès mondial du jeu « Ring Fit Adventure » développé sur Nintendo Switch, en rupture de stock mondiale durant la crise sanitaire.
 


Mais les actions évoquées ci-dessus pour les professions « oubliées » tardent à se faire connaître et la crise sanitaire a mis la lumière sur celles-ci brisant ainsi la glace sur les sujets liés aux problématiques de temps et d’accessibilité.

Ainsi, l’étude de Decathlon révèle que l’idée de faire du sport « pour la santé » semble aujourd’hui dépassée et qu’elle peut freiner certains français à la pratique de par sa simple sémantique. L’on devrait désormais parler « d’activité physique » et non plus « d’activité sportive » où l’important serait simplement de bouger.

Même si les entreprises tendent à proposer un sens et une utilité à la pratique de leurs salariés, les français tendent à se tourner vers des solutions clés en main, facilitant l’activité et donnant du sens concret à leur pratique. Par exemple, la découverte d’espaces urbains et de points d’intérêts proposées par Runnin’ City et Run Go, ou des challenges sportifs inter-entreprises favorisant le teambuilding proposés par Squadr sont la tendance d’une nouvelle forme d’activité physique.

« La sémantique contribue également à la sédentarité des personnes en entreprise (…) le mot « sport » fait peur, il est nécessaire de le repenser, de trouver un mot plus « smooth » » nous précisait Pierre Finot, CEO de Wheelness.

Finalement, il est légitime de se demander si la sémantique ne serait pas le premier frein à la pratique et qu’il est temps aujourd’hui de motiver les français à bouger et à se défouler et non plus à faire du « sport ». Pour cela, la communication est un facteur clé de succès notamment pour évangéliser le sport et il est du devoir des acteurs institutionnels, industriels et startups d’encourager tous les français à une activité physique régulière au travers de l’innovation.